Nicolas Lau : l’enduro VTT dans le sang http://www.alsasports.com/!
Malgré la sous-médiatisation du VTT enduro, les jeunes générations sont de plus en plus attirées par cette discipline et Nicolas Lau en est un des leaders en France, mais il est également reconnu au niveau international puisqu’il intègre pour la troisième année consécutive le top 10 de l’Enduro World Série (EWS). A 26 ans, le pilote au palmarès déjà bien fourni vient de signer au Munster Bike Club. Alsa’Sports a voulu en savoir plus sur ce discret champion alsacien, pilote professionnel au sein du CUBE ACTION TEAM, nous sommes allés à sa rencontre dans son “jardin”: la vallée de Munster.
Nicolas, aujourd’hui vous êtes un pilote VTT enduro, reconnu mondialement. Quel a été votre parcours pour être aujourd’hui le leader du CUBE ACTION TEAM et dans le top 10 des Enduro World Series ?
Nicolas Lau: A la base, c’est d’abord la passion du sport qui m’a été transmise par mon papa, que j’ai toujours vu pratiquer le ski, la course à pied et le vélo. Depuis tout jeune, je pratiquais différents sports en club, aux Amis de la nature Munster pour le VTT, aux skieurs du Tanet pour le ski. Ainsi au rythme des saisons, sous la houlette de Dédé Hermann, Patrick Hassenfratz, Jean Pierre Saumon et d’autres piliers des Amis de la nature Munster, j’ai appris les bases dans un superbe club animé par la passion et l’esprit de famille. Nous nous engagions sur les TRJV (Trophée régional du jeune vttiste) et chaque année avec la sélection Alsace sur le TNJV (Trophée National du Jeune Vttiste) où notre comité grimpait régulièrement sur les podiums. En cadet ,c’était la coupe de France. Le TRJV a été un vrai support d’expression pour les différentes pratiques telles que le VTT cross-country, Trial, Course d’orientation et descente (ces quatre disciplines qu’on appelle aujourd’hui Enduro en fait).Dans ce contexte, toutes les bases étaient réunies pour apprendre et progresser.
A partir de là, je m’étais rendu compte que j’avais ça dans le sang et je n’ai plus jamais lâché. J’avais trouvé un équilibre scolaire, professionnel et sportif. Les résultats tombaient et j’ai été contacté par Labyrinth bike, une petite marque Vosgienne basée à Saint Maurice sur Moselle, et me suis alors licencié à Remiremont VTT pour me rapprocher de la structure qui me soutenait. A l’époque, tout mon matériel était pris en charge par Labyrinth bike et je faisais beaucoup de descente, avec des podiums en prime.
En 2011, je me sépare de Labyrinth Bike mais suis resté licencié à Remiremont. A cette période, je cherchais un partenaire cycle sans me prendre la tête. J’avais un boulot dans la carrosserie, le métier que j’avais choisi d’apprendre en parallèle, donc pas de stress de ce côté là. Via un magasin de cycle de Munster, je rencontré l’importateur Cube France de l’époque et le lien se créé et en finalité je rentre chez Cube France. La marque CUBEBIKES étant une marque Allemande qui cherchait à intégrer le marché Français à ce moment là. Elle croit en moi pour développer son image en France et décide d’utiliser mon image pour booster ses ventes.
C’était donc là mon premier contrat de pilote pro en enduro. Et depuis 2013, je suis supporté par Cube international. Alors tout n’est pas tombé du ciel, il a fallu faire des concessions, ce sont beaucoup d’heures de “ride” qu’il a fallu pour progresser et parvenir au meilleur niveau. Aujourd’hui je m’entraîne dur mais ce que j’aime par dessus tout c’est partager les sorties avec les potes quand ils le peuvent, c’est un peu grâce à eux si j’en suis là aujourd’hui.
Pour les non initiés pouvez-vous nous expliquer à quoi correspond la discipline Enduro VTT ?
L’enduro VTT, et en particulier les compétitions d’ Enduro World Séries sont un mix entre physique et technique. Pour faire simple le parfait pilote d’enduro doit être le plus efficace possible dans les parties pédalantes des spéciales chronométrées, et
doit pouvoir engager en descente comme un réel descendeur. A cela se rajoute le côté endurant, car souvent nous remontons au départ des spéciales à vélo. L’endurance est également nécessaire pour effectuer de longues descentes parfois jusqu’à 20 min en World séries et même jusqu’à 45 min sur une compétition comme la Mégavalanche.
En Enduro, nous évoluons sur des massifs entiers, le plus souvent il y a les journées de reconnaissance qui sont suivies par des journées de courses. Le format évolue en fonction du lieu sur lequel l’évènement se déroule. La course se joue sur la gestion de l’effort, et la constance. Les sections chronométrées appelées « Spéciales » partent d’un point haut pour rejoindre un point bas, entre 2 et 6 par jour en fonction de la longueur et de la difficulté. Il y a également les courses d’aventure qui sont des courses à étapes sur 5 ou 6 jours comme La Trans- Provence , la Trans-Savoie ou l’Andespacifico qui elles se déroulent sans reconnaissance. Le principe est alors de traverser une région complète sous forme de tracé itinérant. L’enduro est une discipline vaste, mais encore une fois pour faire simple c’est du Vélo de Montagne pratiqué par une grande famille de passionnés
Après 4 années de professionnalisme quels sont les résultats qui vous ont le plus marqués ?
La première grande course que j’ai gagnée c’est la mégavalanche de l’île de la Réunion en 2012. En 2013, je remporte la Trans-Provence qui est une course par étapes. Puis en 2014 ma première victoire en Enduro World Séries en Écosse et une deuxième place au Canada. C’étaient des moments vraiment très forts. En 2015, une nouvelle victoire sur la Trans-Provence et également sur la Trans-Savoie.
Un bilan après cette année 2015 ?
J’ai fait cette année sans aucune blessure malgré les risques qui ont été pris. Ma première volonté est de continuer à pratiquer sans bobo. Je reste très motivé pour tenter d’aller chercher des podiums sur les EWS. Le bilan de ces 4 dernières années est déjà plus que positif pour moi sur le plan sportif mais aussi personnel avec beaucoup de voyages, d’expériences, de souvenirs.
L’avenir chez CUBE ou ailleurs ?
Au programme de l’année prochaine les 8 manches d’Enduro World Séries avec le soutien du CUBE Action Team. La signature d’un nouveau contrat me permet de continuer à vivre ma passion. Pourquoi quitter un des leaders mondiaux du cycle, si cette Marque me suit dans mes projets et me permet de m’épanouir .
C’est donc officiel vous signez au Munster BIKE CLUB. Pourquoi aller dans ce jeune club ?
Pourquoi ? C’est simple, depuis 2006 je suis licencié au Remiremont VTT, qui a su m’apporter ce que je recherchais quand j’étais ado, tout comme les AN Munster dans les années 2000. Depuis 2012, je suis à nouveau dans la vallée de Munster avec une licence dans les Vosges. Je suis Alsacien mais un « Rider » du massif Vosgien. C’est normal que j’adhère au Munster BIKECLUB. C’est un club avec une école de VTT qui fonctionne sur de très bonnes bases. Le Président Joel Kempf et le Vice Président Marc Holder sont des anciens coureurs qui génèrent une dynamique positive pour les jeunes et le VTT en général. Ils ont besoin de développer l’enduro pour que toutes les gammes du VTT se pratiquent au MBC.
J’ai parcouru mon chemin et maintenant c’est une nouvelle page qui se tourne et dans la mesure du possible je souhaite partager mon expérience de jeune « Rider » pro avec les jeunes de la vallée de Munster. Alors je crois que c’est du gagnant gagnant pour tout le monde. Je ressens simplement le besoin d’aider à maintenir la dynamique que le MBC a mis en place. C’est une dynamique importante pour le futur du Vélo de montagne dans notre vallée.
On sait que l’enduro VTT n’est pas reconnu par l’UCI, alors comment voyez-vous l’avenir de la discipline ?
L’Enduro est encore une discipline jeune qui est financée par l’industrie du cycle. Cette industrie est en perpétuelle évolution alors laissons faire. L’enduro est une bonne vitrine pour le vélo en général. Les personnes qui se mettent à suivre la saison des E.W.S. et les actus des top pilotes sont eux même des pratiquants ou des pratiquants en devenir qui véhiculent alors les mêmes valeurs… c’est l’effet bouche à oreille qui fait grandir l’enduro jusqu’à là. La discipline a un avenir très prometteur je n’ai absolument aucun doute la dessus.
Vous êtes un modèle pour les jeunes, alors pour tous ces jeunes as-tu un message à faire passer ?
Ma recette magique…bosser à l’école, tout en partageant entre copains les sorties mise en place par le MBC en alliant les notions de plaisir et de performances en groupe. S’intéresser au monde qui les entoure.
Une dernière question: On a vu votre homologue Jérome Clementz sur une course VTT cross country ce printemps, qu’il a d’ailleurs brillamment remportée. Est ce qu’on pourrait également vous voir sur d’autres compétitions qu’en enduro ?
Oui bien sûr il faut savoir qu’en enduro les saisons sont vraiment longues et qu’il reste peu de temps pour d’autres compétions. Si cela s’inscrit dans la préparation spécifique en début de saison et si c’est discuté et préparé avec mon entraîneuse c’est quelque chose que je ferai avec grand plaisir. Après tout c’est du vélo…
CREDIT PHOTO : Ronny Kiaulehn