Et soudain, après la ligne d’arrivée de la 2re étape du Tour Alsace hier à Huningue, la bannière australienne a fendu l’air sur le torse relevé du petit sprinteur Caleb Ewan (1,66 m). Pour sa première année chez les espoirs, celui qui avait gagné la dernière étape du Regio-Tour international juniors l’an dernier empile les succès - son huitième cette saison - comme de prometteuses références. Avec son physique trapu, le coureur de Sydney n’est pas sans rappeler un certain Djamolidine Abdoujaparov ou un Mark Cavendish, qu’il admire.

Pour l’heure, le vice-champion du monde juniors savoure d’avoir gagné sur un site où John Degenkolb, aujourd’hui pro chez Argos, a aussi cueilli un bouquet. Et il n’a pas manqué de féliciter ses coéquipiers, qui ont roulé presque toute la journée en compagnie de Lotto puis d’Europcar pour ramener à la raison les nombreuses échappées.

Propre trajectoire de Lamoisson

« L’équipe était très forte, elle a travaillé à la perfection , a-t-il souligné. Nous avions décidé de tout miser sur le sprint. J’étais déçu la veille, l’échappée était allée au bout. Mais ma victoire lors du sprint du peloton m’avait donné beaucoup de confiance ». Et avec l’esprit libéré, ce sprinteur de 19 ans s’illustre plus facilement.

Son dauphin Morgan Lamoisson peut en attester. Face à la force collective de l’équipe d’Australie des moins de 23 ans, le coureur d’Europcar a pris sa propre trajectoire, côté opposé.

« Les gars ont roulé jusqu’à deux kilomètres de l’arrivée, puis j’ai pris le sillage , a décrit le deuxième du jour. Tout le monde voulait être devant et quand ça a serré à droite, j’ai vu l’Australien dans la roue d’un coéquipier. Comme je ne pouvais pas y aller, je suis passé à gauche. Je suis bien remonté pour prendre la tête. Mais c’est à ce moment-là qu’Ewan a lancé son sprint. Je suis déçu, mais je n’ai pas de regrets, c’est mon premier résultat de l’année ».

Et il le doit en partie à Christophe Kern, qui a longtemps navigué en queue de peloton. « Je n’avais pas les jambes pour m’affoler , s’est amusé le Bas-Rhinois. A vec les dos d’âne, on faisait l’élastique derrière. J’ai fait l’effort pour remonter Morgan ». Il n’a manqué que la victoire pour récompenser les efforts du Bas-Rhinois.

Belle sélection

Avec une nouvelle moyenne élevée (42,8 km/h), l’étape d’aujourd’hui entre Strasbourg et Bischoffsheim promet une belle sélection. L’Anglais Jonathan Tiernan-Locke y avait tissé son succès final l’an dernier avec la victoire en prime dans le Bas-Rhin. Sur un parcours accidenté comprenant le Mont Sainte-Odile et la montée du Champ du feu, et si la chaleur s’en mêle comme en 2012, le général toujours mené par le Russe Maxim Pokidov (Itera-Katusha), lâché hier dans le Blochmont, devrait être chamboulé.

« Ça peut encore exploser et vite devenir un champ de bataille », a indiqué Maxime Robert (CC Etupes), 11e du général l’an dernier alors sous le maillot Meder. Il ne faudra pas compter sur le Franc-Comtois, la faute à une hernie à l’aine gauche. Son coéquipier haut-rhinois Edouard Lauber a plus de chances de s’illustrer, mais il a laissé quelques forces hier à cause d’un bris de manette. Dans ce Tour Alsace parti sur des bases élevées, le moindre effort risque de se payer.