La folie des grandeurs
Christian Haettich aura son lot de sensations fortes. Photo Sprinter club munster
Christian Haettich est un passionné de vélo comme il en existe des milliers. Pourtant, peu de cyclistes se lancent des défis aussi fous que lui : participer à la Haute Route des Alpes et enchaîner une semaine plus tard avec les Pyrénées.
Ce quinquagénaire domicilié à Sondernach s’apprête à vivre plusieurs semaines pour le moins éprouvantes.
Le Haut-Rhinois a en effet décidé de participer à la Haute Route des Alpes, qui s’est achevée la semaine dernière, avant d’enchaîner avec la Haute Route des Pyrénées la semaine prochaine.
« Des médailles, j’en ai déjà plein. Je ne cours pas après ça »
Un objectif hors-norme puisque cet Alsacien a perdu un avant-bras et une jambe dans un accident de la route 37 ans plus tôt.
« Ce sont les plus hautes et les plus difficiles cyclosportives du monde, explique-t-il dans un sourire malicieux. C’est la première fois que je vais enchaîner les deux. Pour être franc, j’appréhende un peu. »
Et il y a de quoi, tant les étapes annoncées feraient douter plus d’un cycliste chevronné.
Le parcours dans les Alpes relie Genève à Nice, soit 880 km et 21 km de dénivelé.
Celui dans les Pyrénées relie Barcelone à Anglet ; un tracé sinueux long de 750 km.
Christian Haettich n’en est pas à son coup d’essai, il a mûrement réfléchi l’aventure dans laquelle il s’embarquait.
« La Haute Route des Pyrénées vient d’être créée cette année, mais j’ai déjà participé deux fois à celle des Alpes. Ce sera un vrai challenge d’enchaîner avec si peu de battement entre les deux. Sur les 600 coureurs qui vont faire la Haute Route des Pyrénées, seuls 45 cyclistes auront fait comme moi les Alpes avant de rejoindre Barcelone. »
À un “détail” près : le coureur alsacien partira avec un handicap physique non négligeable vis-à-vis de ses concurrents, venus de 37 pays différents.
Amputé de la jambe et de l’avant-bras à la suite d’un accident de mobylette à la fin des années 70, Christian Haettich sait qu’il n’aura pas l’occasion de remporter une étape.
Mais, pour lui, l’essentiel est ailleurs. « Des médailles, j’en ai déjà plein. Je ne cours pas après ça. Mon objectif c’est d’être à chaque fois “finisher” (ndrl : c’est-à-dire franchir la ligne d’arrivée). Si on ne finit pas, ça ne sert à rien ! La course monte en difficulté au fil des étapes. Si on arrive à passer le cap des trois jours, c’est gagné. On peut aller jusqu’au bout… »
Pour réaliser cet objectif un peu fou et terminer ces courses pas comme les autres, le coureur aguerri est suivi par un kiné et sillonne chaque jour pendant cinq heures les routes de la vallée de Munster et des Vosges.
« Repousser mes limites un peu plus loin »
« C’est un terrain de jeu idéal. Qu’il vente, pleuve ou neige, je suis toujours sur mon vélo », confie celui qui a dû changer d’outil de travail l’année dernière, son ancien vélo affichant 130 000 km…
Cette année, Christian Haettich a déjà participé à plusieurs courses, mais celle qui l’a le plus marqué est celle de la “Marmotte” (le 6 juillet dernier), longue de 174 km. « L’arrivée à l’Alpe d’Huez était vraiment un moment magique. »
Avec plus de 16 000 km au compteur depuis le 3 janvier de cette année, le licencié du Sprinter club de Munster s’est durement entraîné pour pouvoir enchaîner les Alpes et les Pyrénées.
Une chose est sûre, il recommencera l’année prochaine, augmentant même la difficulté puisqu’il envisagerait d’enchaîner trois courses…
« J’ai toujours envie de repousser mes limites un peu plus loin. Je roulerai jusqu’à ce que j’ai la capacité de le faire. Tant qu’on veut, on peut ! Et moi la volonté je l’ai. Robert Marchand (*) est bien centenaire et continue à rouler, alors pourquoi pas moi… »
(*) Recordman de l’heure de cyclisme sur piste dans la catégorie des Masters des plus de 100 ans