La titre de Champion du Monde décroché par Jérôme Clementz semblait être passé à la trappe dans les médias locaux . Mais il n'est jamais trop tard pour se rattraper voilà qui est fait et bien fait et c'est signé
VTT Jérôme Clementz gagne la première Coupe du monde L’esprit et la classe
Photo: www.reuiller.com
Vainqueur de trois des six épreuves disputées jusque-là, Jérôme Clementz est assuré de remporter la première Coupe du monde de VTT enduro. Un couronnement pour un compétiteur jamais rassasié de sensations nouvelles et de découvertes après 17 années de carrière, dont quatre dans un team pro.
C’est sous l’aile de Cannondale qu’il s’épanouit depuis 2009. Le jeune Barrois formé au travers du TRJV au club de Molsheim avait d’abord goûté à la descente – vice-champion de France juniors, 10e du championnat du monde et membre de l’équipe de France – avant de changer d’orientation.
« J’ai participé à la Megavalanche, à l’Alpe d’Huez, que j’ai gagnée. Les premières Séries nationales sont nées cette année-là. »
Jérôme Clementz vient d’avoir une révélation : les contraintes liées à la compétition, avec toujours plus d’affinage technique et de travail physique, peuvent aller de pair avec le plaisir. Avec l’enduro, il a trouvé sa voie.
« Du pilotage à vue et à l’instinct »
« La discipline a le vent en poupe, comme on peut le constater chez les marques, dans les magazines et les médias. Elle n’est pas super-impressionnante, mais pour la plupart des pratiquants elle correspond à l’esprit d’origine du vélo. C’est plus de pilotage à vue et à l’instinct, avec de l’aventure et une ambiance sympa. »
Bref, il s’éclate, l’Alsacien, dans une compétition se rapprochant du rallye auto avec ses spéciales chronométrées aux départs contre-la-montre, ses secteurs de liaison et le suspense de l’addition des temps réalisés. Le tout dans des décors naturels de rêve, souvent dans de grands espaces montagneux.
« La descente, c’est le même parcours pendant tout un week-end. En enduro, tu visites 50 kilomètres autour d’un domaine. On en voit du paysage ! »
Vainqueur national à trois reprises, en 2008, 2010 et 2011, Clementz fixe la barre plus haut. « En 2012, je me suis davantage mis à l’international avec des courses en Italie ou au Canada, où Whistler est la Mecque du VTT avec son site entièrement dédié au vélo. »
Constatant l’engouement de plusieurs centaines de concurrents, pros ou amateurs, s’alignant au départ de chaque course, l’Union cycliste internationale commence à sentir l’intérêt de mettre sur pied un championnat. Mais les nouveautés se multiplient et elle ne peut courir plusieurs lièvres à la fois.
Les riders de l’enduro, eux, sont prêts. « L’UCI n’a pas franchi le pas et ce sont finalement les organisateurs des courses qui ont pris une “Enduro world series” sous leurs ailes. »
Les 18 et 19 mai derniers se déroulait l’épreuve de Punta Ala, en Italie. Suivront les deux étapes françaises de Val d’Allos et des Deux Alpes avant l’escapade américaine à Winter Park, aux États-Unis, et Whistler.
Perpétuant la tradition d’excellence du VTT français, Fabien Barel et Nicolas Vouilloz avaient remporté les deux premières épreuves. Jérôme Clementz s’adjugeait les deux suivantes et l’Australien Jared Graves la cinquième. C’est encore lui qui menacera longtemps l’Alsacien pour la première place à Val d’Isère, avant-dernier rendez-vous du calendrier (finale à Ligure, en Italie, les 19 et 20 octobre).
La régularité (2e place en Italie et au Canada) et l’expérience de “Jey” ont été décisives.
Sacré en couple à Val d’Isère
À Val d’Isère a également été établi un classement par équipes nationales. Cet enduro des nations est également remporté par la France, Fabien Barel et Rémy Absalon partageant cette fois les lauriers avec un Clementz ravi que sa compagne Pauline Dieffenthaler – qui terminera 6e de la Coupe du monde remportée par la Britannique Tracy Moseley – monte sur la plus haute marche du podium féminin en compagnie d’Anne-Caroline Chausson et Cécile Ravanel.
Après cette double consécration, le champion désormais installé à Buhl (toujours près des sommets…) n’est pas près de raccrocher. À 29 ans, il a gardé tout son appétit pour l’entraînement – « Cinq à six fois par semaine, avec beaucoup d’intensité et des exercices de qualité. Ce ne sont pas cinq heures en mode diesel comme Thomas Dietsch (son modèle des débuts au Molsheim Fun Bike) ! » – voire un nouveau succès mondial. La concurrence sera encore plus féroce dans une campagne 2014 où se rajoutent le Chili et l’Écosse.
Encore de beaux paysages en vue, sauf qu’il s’agit de ne jamais oublier que l’effort sur les pédales, l’équilibre entre les obstacles, la concentration et la gestion du rythme cardiaque sont des paramètres prioritaires quand le chronomètre égrène ses secondes.