En famille sur les petites routes, avec des vélos couchés
le 14/08/2012 à 05:00 par Élisabeth Schulthess
Devant un camping du Sud-Ouest : « C’est une région où les cyclotouristes sont très bien accueillis par les propriétaires de campings. Ce qui n’est pas toujours le cas le long des côtes de la Méditerranée… » DR
Conquise depuis quatre ans par les vacances nomades au rythme lent du deux-roues, la famille Hilbert, de Colmar, achève un voyage de 2 500 km à travers la France.
« Que ne l’avons-nous tenté plus tôt… » Annemarie et Frédéric Hilbert ainsi que leurs fils n’envisagent plus de passer autrement leurs vacances que sur un vélo couché, pour goûter aux paysages de France, de Navarre et d’ailleurs.
Cet été, ils ont pris, à la mi-juillet, le TGV, direction Bordeaux. De là, ils n’ont plus quitté leur monture jusqu’au retour, prévu le 18 août. Quatre semaines et demie à pédaler le long de la côte atlantique jusqu’à Biarritz en suivant la Vélodyssée, à traverser les contreforts des Pyrénées et le Gers, pour emprunter à Toulouse les bords du canal du Midi jusqu’à Montpellier. Un petit tour par la mer à Agde et changement de direction, cap vers l’Alsace. À raison de 80 km par jour en moyenne, plus ou moins selon les dénivelés et la qualité du tracé.
« Rien de bien sportif, rassure Annemarie. Chacun roule à son rythme. Nous empruntons les pistes cyclables ou les petites routes, à l’écart du trafic. Nous aimons la diversité des paysages, qui changent chaque jour. Nous nous sentons en harmonie avec la nature. »
Et les enfants ? « Ils ont pris goût à la locomotion lente. L’aîné, qui vient de trouver un emploi, serait volontiers parti avec nous. Les deux autres, qui ont 15 et 19 ans, étaient libres de venir ou pas. » Ils ont choisi le voyage familial. « C’est un temps d’échanges privilégié : durant l’année scolaire, nous n’avons pas l’occasion de vivre autant ensemble, souligne la maman. Plus on avance, plus on est détendu. On se coupe du quotidien et l’on revient serein, même si l’on n’a pas très envie de rentrer… »
Ces vacances nomades, ils les conçoivent sur le mode de la liberté. S’arrêter quand bon leur semble, s’affranchir des contraintes de la réservation des campings, visiter Bordeaux ou Carcassonne, se détourner de Toulouse, « peu accessible à vélo », prendre le temps de parler avec des petits producteurs de fromages ou de saucisses du terroir et faire provision de spécialités locales pour les jours à venir…
Leurs grosses sacoches leur assurent une autonomie certaine. Tentes, sacs de couchage, réchauds à gaz et à bois, casseroles, vêtements et quelques vivres : il y en a pour près d’une centaine de kilos, 30 à 35 kg pour le père, 20 pour la mère et chaque jeune.
Le vélo couché leur vaut des échanges inattendus au détour d’un chemin ou le soir au camping. « Il intrigue. » Et facilite l’entrée en conversation. « Entre cyclotouristes, on s’échange cartes et bons tuyaux, on passe des soirées sympas ensemble. »
Leur premier voyage, de Saint-Nazaire à Colmar, c’était sur des vélos droits. Avec l’inévitable mal aux fesses. Le deuxième, de l’Alsace à Budapest, le long de l’Eurovélo 6, sur des vélos couchés, achetés d’occasion en Allemagne et en Hollande, environ 1 000 € pièce, a été convaincant : « C’est très confortable, on n’a plus mal nulle part. »
Un investissement conséquent, compensé par l’abandon de la voiture : « A Colmar, nous circulons à vélo ou à pied. Si occasionnellement il faut une voiture, nous en louons une à la coopérative Auto’trement. » Et le budget vacances ? « Pas plus élevé qu’une location. » Le billet de TGV leur a coûté 45 € par personne, vélo compris, en réservant trois mois à l’avance, au guichet. « La SNCF a fait des progrès, mais tous les trains ne sont malheureusement pas accessibles aux cyclistes. Avec des vélos couchés, plus grands que les normaux, il faut s’amuser à les empiler. Quant aux familles avec jeunes enfants, elles ne peuvent pas embarquer de remorque. »
Cyclistes militants, les Hilbert participent à l’organisation du Festival du voyage lent à Colmar baptisé « Du bout de la rue au bout du monde », estimant « qu’il n’y a pas besoin d’aller loin pour être dépaysé ». Ils avancent sans essence, à la force des mollets. « Ça fait du bien au corps, et à l’esprit ».