Quand le maillot jaune de l’AC Besançon a déboulé au pied de la dernière ascension vers la ligne d’arrivée, hier dans le froid à Ernolsheim-sur-Bruche, la chaleur a failli gagner les supporters alsaciens. Sans complexe, le Haut-Rhinois Hugo Hofstetter a lancé le sprint, qu’il a finalement perdu face aux Suisses Laurent Beuret (Maca-Loca/Scott), le plus frais, et Mirco Saggiorato (EKZ), encore deuxième comme l’an dernier.

« Ç’aurait pu être la bonne solution »

Ce n’était vraiment pas le scénario prévu à un tour de l’arrivée, le duo helvète présentant alors une avance confortable par rapport à ses poursuivants. Mais les deux hommes ont joué avec le feu, duquel le Sundgauvien a failli tirer les marrons. « Quand je suis revenu seul, j’y suis allé direct. Je comptais sur l’effet de surprise , explique Hugo Hofstetter. J’ai fait un trou, mais l’arrivée était trop loin. Quand je l’ai vu dans ma roue , (Beuret), ça sentait mauvais ».

« Ç’aurait vraiment pu être la bonne solution , lui répond Beuret, qui était encore pro il y a deux ans. Avec Mirco, que je connais bien, on s’est entendu jusqu’au kilomètre, mais après, on était arrêté. Et quand je l’ai vu débouler (Hofstetter), je savais qu’il fallait y aller ».

Même s’il a mis le vélo entre parenthèses l’an dernier, le Delémontais a bénéficié de l’expérience de quatre années au plus haut niveau dans des formations Continentales (NGC en 2008, Camiooro en 2009 et 2010, Atlas en 2011) avec une 3e place à Paris-Corrèze et une participation à Milan-Sanremo en 2010 (138e ), son meilleur souvenir.

Cette capacité à réagir, le Suisse de 28 ans l’avait démontrée à trois tours (sur 25 au total) de l’arrivée, quand il avait sèchement contré une offensive du Vosgien Barthélémy Fabing (Macadam Cowboys), avec Saggiorato dans sa roue.

Les deux Helvètes avaient déjà formé un contre pour revenir sur ce qui allait être la bonne échappée, lancée juste avant la mi-course. Après un travail de sape à force de relances dans la première partie du Souvenir Gustave Koehler organisé par la Pédale d’Alsace de Strasbourg, EKZ était représenté en force avec quatre hommes (Saggiorato, Angst, Fuchs et Schir) devant l’ASPTT Nancy (T. Demesy et Marchal), le team Meder (Béghin et Schall), Lang (Hörmann), Bona (Corbeil-Essonnes), Vuillier (VC Dole), Fabing, Beuret et donc Hofstetter.

Le deuxième écrémage s’opérait sous l’impulsion de Marchal, à six tours de l’arrivée. Avec en victimes directes les Haguenoviens, qui payaient le prix de s’être découverts trop tôt. « C’était une belle bataille , voulait retenir le directeur sportif Nicolas Dumoulin. Mais il y a encore des automatismes à trouver pour s’organiser ».

« Ça me surprend »

S’il n’était pas au mieux à ce moment-là, Hugo Hofstetter s’accrochait afin de rester à la lutte pour le podium, avec une victoire qui lui échappait à 100 mètres de la ligne d’arrivée. « Je suis un peu déçu, mais content quand même parce que les Carreleurs, c’est une course de référence , souligne celui qui sort des rangs juniors. Si j’étais juste par moments à cause des changements de rythme, je me suis senti de mieux en mieux au fil des tours. Ça me surprend un peu d’être à ce niveau, je ne pensais pas être aussi bien ».

Vainqueur à Chaumont la semaine passée dans une course ouverte aux coureurs de 1re catégorie de Champagne-Ardenne, Hugo Hofstetter se montre épatant. Certains vont forcément le marquer aujourd’hui (14 h) au Tour du canton de Wittenheim, d’autant qu’il s’y était classé 5e l’an passé.

Si l’Alsace n’a pas gagné le 41e Grand Prix des Carreleurs, elle y avait un bel ambassadeur.