lundi, 18 mars 2013 21:15

Jérome Clementz le plaisir de rider avant tout

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 Quentin Chevat 15 mars 2013

 

 

A l’occasion des récents Mavic Enduro Camp et Cannondale Team Camp, nous en avons profité pour poser quelques questions à Jérôme Clementz, l’un des pilotes les plus titrés de la jeune discipline et certainement le plus emblématique de l’esprit Enduro VTT…

Jerome Headshot

Enduro Tribe : En quoi consiste ton rôle de développement auprès de Mavic ?

Jérôme Clementz : On est ici à Peillon (06) pour présenter à certains journalistes internationaux et à tous les lecteurs d’Enduro Tribe,  la nouvelle gamme Notch que Mavic a développé pour correspondre aux pratiques All Mountain et Enduro (lire notre compte-rendu). Avec Anne-Caro Chausson et Fabien Barel, on se rend régulièrement (5 à 6 fois par an) chez Mavic à Annecy. On rencontre tous les ingénieurs et chefs produits pour discuter de ce qu’on pourrait améliorer, ce que l’on aimerait porter et ce que Mavic pourrait créer. De là, l’équipe Mavic étant assez réactive, commence tout un travail de testing et remontées d’information pour faire évoluer les produits existants ou les prototypes de nouveaux produits.

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En tant que pratiquants, on travaille autant sur le côté technique, la finition/qualité que l’esthétique global des produits. Au final, nous les riders apportons plus de problèmes que de solutions, on a parfois des idées farfelues. Ce sont les ingénieurs qui travaillent à résoudre ces problèmes. Et inversement même si la plupart roule, les ingénieurs ont parfois des idées nouvelles qui nécessitent d’avoir la validation des pilotes sur le terrain. C’est quand même sympa de travailler côte à côte. J’aime partir rouler tout en réfléchissant à l’amélioration des produits. Ça m’arrive de partir avec dans le sac deux paires de chaussures pour tester par exemple différentes rigidités ou de nouvelles languettes.

Enduro Tribe : Nous les avions annoncé fin janvier dans un article, peux-tu nous en dire plus sur tes partenaires pour la saison 2013…

Jey Clementz : En 2013, l’Enduro VTT a franchi un grand pas en avant à l’international avec notamment les World Series. Beaucoup de marques voulaient avoir des pilotes en Enduro, j’ai été pas mal sollicité. J’ai fait le choix de rester avec Cannondale qui me soutient depuis 5 ans maintenant. Je continue également avec Mavic et Sram qui sont comme Cannondale plus que de simples partenaires. C’est à la fois une relation amicale, de développement et de sponsoring. Ce sont des marques avec lesquelles j’avais envie de continuer de travailler. Elles étaient motivées donc cela s’est fait naturellement.

Team Camp Finale 2013_Jerome Clementz_by Ale Di Lullo-9675

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Mavic a une politique de sponsoring « head to toe » qui permet d’équiper les pilotes des pieds à la tête avec une gamme assortie pour une pratique donnée, en l’occurrence en Enduro la gamme Notch. En plus des roues et chaussures, Mavic m’équipe cette année en casques et textile. Je continue de faire partie du programme Sram Blackbox. WTB m’équipe toujours en selles et pneus. A côté de ça, j’ai des nouveaux partenaires comme les boissons Monster Energy, la marque française de lunettes/masques Julbo avec qui on s’est tout de suite très bien entendu et avec qui je travaillerai aussi au développement produits, Muc Off pour prendre prendre soins de mes vélos, Birzman pour l’outillage et dernièrement j’ai signé avec les garde-boues Mucky Nutz. Les montres Tekday continuent de me soutenir et ce depuis maintenant trois ans.

Enduro Tribe : Peux-tu nous expliquer pourquoi avoir monté ta propre structure et comment vit-on de sa passion ?

Jey Clementz : Cannondale a lancé le Team Overmountain il y a maintenant de ça trois ans. Le principe est de regrouper sous la marque Cannondale plusieurs pilotes (Mark Weir, Ben Cruz et Jason Moeschler pour 2013) qui peuvent avoir leurs propres partenaires à côté. Cette année j’ai décidé de créer ma propre structure en parallèle.

Jerome start XC

Je partage mes partenaires avec Pauline Dieffenthaler et ma jeune recrue Corentin Macinot. Je suis donc indépendant et chaque marque me donne un budget pour gérer la saison, mes déplacements et ma vie de tous les jours. C’est un réel travail d’avoir sa structure et de trouver des partenaires, il faut les écouter, monter des projets communs et discuter des budgets. C’est rare qu’un partenaires vienne de sa propre initiative et te dise « ah tu as fais une bonne saison, on va te donner X euros pour que tu t’amuses » (rires). On construit donc des projets en commun.

Jerome Sidewalk

Cette année, j’avais envie de faire des voyages et d’avoir Jérémie Reuiller à nos côtés pour produire du contenu photos/vidéos. Ça a plu aux partenaires. Ils se sont aussi impliqués dans mon projet de soutenir un jeune pilote, Corentin en l’occurrence. Avoir sa structure permet de « faire sa vie » mais d’un autre côté il faut bosser dur pour attirer et fidéliser les partenaires. C’est comme ça qu’on arrive à vivre de sa passion.

Enduro Tribe : Parle-nous de ta vision des Enduro World Series en tant que pilote et de ton nouveau rôle de conseil auprès de l’EMBA ?

Jey Clementz : L’an passé, Chris Ball (alors coordinateur Gravity à l’UCI) avait réuni différents organisateurs pour réfléchir à la création d’un circuit de Coupes du Monde Enduro VTT. Au final cela s’est terminé en queue de poisson pour différentes raisons que Fred Glo ou Enrico Guala expliqueront mieux que moi. L’idée était bien là et un consensus avait été trouvé entre les différents acteurs. Donc plutôt que de laisser tomber, quelques organisateurs ont décidé de prendre le taureau par les cornes et de lancer une série privée internationale. Je pense que c’est une très bonne idée et une bonne chose pour que l’Enduro continue à se développer grâce à un circuit de référence. Ça a donné un bon coup de boost dans le milieu et les pilotes sont encore plus motivés. Ça annonce une belle bataille entre top pilotes en perspective, mais pas que, puisque le circuit sera ouvert à tous. Pour que la discipline garde son charme, il faut absolument garder le mélange d’amateurs et de pros sur les courses. D’un point de vue compétition, ce serait se voiler la face maintenant de ne pas dire que je veux bien figurer au classement général et que ce sera mon principal objectif cette saison. J’aimerai déjà en gagner une et essayer de bien figurer tout au long de l’année. Mais il ne faut pas trop se mettre la pression, je prends aussi du plaisir à faire des trips et travailler au développement. Le plaisir de rider avant tout !

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L’EMBA (l’association créatrice des World Series avec Enrico Guala, Fred Glo, Chris Ball et Darren Kinnaird) ne voulait pas s’enfermer dans une certaine vision de l’Enduro et a donc décidé de s’entourer d’un comité pour avoir des retours terrains. Pour la première année, 6 personnes ont été sélectionnées parmi les pilotes et l’Industrie du cycle pour donner leurs avis sur le règlement et l’organisation en général. Les pilotes du comité (Tracy Moseley, Curtis Keene et moi) auront également comme rôle de faire remonter les infos et avis des pratiquants. Cette année par soucis de simplicité et de rapidité, l’EMBA a choisi les membres mais l’an prochain j’imagine qu’il y aura des élections où les membres de l’EMBA pourront élire leurs représentants. Même principe pour le règlement, cette année il conserve les spécificités de chaque épreuve mais à l’avenir on devrait avoir un seul règlement commun quelque soit l’épreuve et le pays. En tous les cas, on n’agit pas sur des coups de têtes, il y a quand même pas mal de boulot derrière tout ça. Nous allons organiser des réunions ou faire en sorte d’avoir un endroit où l’on pourra poster des commentaires pour rassembler toutes les remarques des coureurs, les analyser et faire évoluer dans le bon sens cette tournée internationale.

Enduro Tribe : Pour terminer, parlons matos, qu’utiliseras-tu cette saison ?

Jey Clementz : Le choix est assez large aujourd’hui, le rider peut à sa guise choisir du 26, du 27,5 ou du 29 pouces pour rouler en Enduro. Personnellement je ne suis pas très grand, la qualité des pneus et jantes des autres formats de roues n’est aujourd’hui pas encore tout à fait à la hauteur du 26 pouces donc c’est clair et net cette saison je roulerai en 26 pouces. Je ne pense pas changer de vélo en cours d’année, je n’ai pas de vélo prêt en 27,5 à l’heure actuelle. Chacun doit se faire sa propre idée, personnellement en dehors de la performance je n’ai pas retrouvé du plaisir à piloter sur un 29 pouces, ça ne correspond pas à ma façon de piloter avec des appuis vifs et courts. Par contre le 27,5 pourquoi pas, le peu que j’ai testé me parait plutôt sympa mais encore une fois il faut que les composants suivent et le choix actuel ne me parait pas assez large. Le 26 pouces est pour moi actuellement le meilleur choix, je roulerai donc sur un Cannondale Jekyll 26 pouces. Merci pour ces questions, faites vous plaisir sur votre vélo et gardez le sourire !

Jerome & Bike

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