Il y aura bien un 13e Tour Alsace, l’an prochain. Francis Larger, patron de la course, l’assure. Il était sûr du contraire il y a peu.

Toute la semaine, la rumeur a circulé : ce 12e Tour Alsace serait le dernier. Cela a bien failli être le cas. Il s’en est même failli de peu.

– Que retenez-vous de ce Tour ?

– Je n’ai jamais vu autant de monde au bord des routes. Les petites communes sont les plus enthousiastes, j’ai déjà des demandes pour l’an prochain. Je le dis sérieusement : j’avais l’intention d’arrêter. Mais quand je vois cet engouement, ce n’est pas possible.

– Vous auriez fait quoi sans le Tour Alsace ?

– J’aurais passé ma retraite avec Diesel et Dodge (ses ânes !). Franchement, dans ma tête, ce Tour était mon dernier. Mais j’ai reçu tellement de messages du cœur, j’ai vu de telles joies populaires…

– Aurez-vous autant d’aides des collectivités locales ?

– Le conseil départemental du Bas-Rhin, on n’avait rien. Avec celui du Haut-Rhin, c’est compliqué, on nous parle de renégocier pour l’an prochain, alors que je voulais demander davantage. On a des aides matérielles, mais je ne peux pas donner à manger aux coureurs avec des porte-clefs !

– Dans les villes moyennes, l’accueil est meilleur…

– Les petites villes ont envie du Tour. Quand le Tour y passe, je vois partout la banane sur le visage des gens. Encore une fois, pour eux, je ne peux pas arrêter. C’est la seule façon que j’ai trouvée de leur amener du plaisir. Le Tour va vers eux, leur apporter du bonheur, avec notre slogan « Alsaciens et fiers de l’être ! »

« Strasbourg, je n’y retourne plus »

Les petites communes nous aident plus. Autour de Dannemarie, les 33 communes veulent une arrivée. Si chacun donne un peu, on aura une belle somme, une belle étape.

– Et les villes plus importantes ?

– Strasbourg, je n’y retourne plus. C’est toujours compliqué, c’est tellement demandé qu’on te snobe. À Colmar, il y a un maire qui aime le vélo et fait tout pour le Tour. Strasbourg, j’y perds de l’argent. Le peu que je touche passe dans le carburant perdu dans les embouteillages. J’adore Strasbourg, mais cette ville n’a pas besoin du Tour Alsace.

Je préfère Bischoffsheim, j’y ai vu le maire avec les larmes aux yeux, il n’avait jamais vu autant de monde. Les gens t’aiment dans les petites villes, dans les grandes tu les embêtes. Mulhouse ? Ils ne sont pas heureux quand on vient, ils ne veulent pas du Tour.

– Pourquoi y avait-il plus de monde cette année ?

– La course est peut-être rentrée dans les habitudes. Les gens commencent à connaître la course. Après douze ans, ça se sait.

– Vous avez déjà quelques pistes pour le prochain Tour Alsace ?

– Sélestat, Colmar, Sausheim bien sûr, Dannemarie, Huningue, Bischoffsheim, pourquoi pas Masevaux, à nouveau, plus une commune dans le coin de Strasbourg. Ce pourrait être Obernai. Haguenau ? Ça me plairait.

« Haguenau ? Ça me plairait »

– Vous faites donc taire la rumeur d’un 12e et dernier Tour Alsace ?

– Il y aura un 13e Tour, il sera bouclé en octobre, avec toutes les étapes. Dans ma tête, elles sont déjà bouclées. J’aimerais aussi faire étape au Lac Blanc. Eux voulaient le Tour de France, ils ne l’auront pas. Trop cher.

– Aurez-vous les partenaires nécessaires pour l’an prochain ? Vous disiez avoir du mal cette année déjà…

– Ce n’est pas parce qu’il n’y a plus d’argent qu’il ne faut plus rien faire. Au contraire, il faut s’arranger pour en gagner plus autrement. Nous, on dit aux partenaires : “Voilà, on a une belle fête, il faut nous aider.” Les idées, elles ne manquent pas, on a juste besoin de plus de moyens.

Pour cette année, je peux encore compenser les partenaires qui ne nous suivent plus. Il y a des gros qui nous ont lâchés. Mais j’avais en tête que c’était le dernier Tour, alors on n’a pas démarché comme il aurait fallu le faire. Maintenant, il faut tout exploser, démarcher davantage.